Rue des Creutes, rencontre avec Marie Louise.

Marie Louise Dain Etape 3 vers le #sosa2020

Ais-je trop planché sur Eugène en ce mois d’avril, est ce que l’excès de télétravail de cette période de pandémie finit par m’embrouiller l’esprit ?
Ma petite ballade Rue des Creutes à Laon m’a-t-elle impressionné ?
Cette nuit fut très agitée et mon esprit a, semble-t-il, voyagé dans des contrées inconnues.

Transfert dans les brumes

Ce matin la, je me réveille sur la montagne couronnée. Je distingue, dans la brume, des maisons et un peu de lumière, il semble que ce soit le petit matin. Au loin, la plaine et quelques lumières brillent.
C’est étrange, je ne vois pas les rails du chemin de fer. Pourtant, il y a quelques jours je suis venu ici, à Laon, retrouver les lieux de vie d’Eugène Husson mon ancêtre.
En avançant, je retrouve pourtant la rue des Creutes Saint Vincent, mais étonnamment les lumières des habitations semblent faibles et tremblotantes, est-ce un effet du brouillard ?
Je marche, seul, le long de la rue et tout semble avoir un petit air suranné. La route pavée est pleine d’herbe comme si aucune voiture ne l’avait empruntée récemment. La route pavée !! Elle ne l’était pas dans mes souvenirs, où est donc passé le macadam ?

Il faudra que que je vérifie les photos. Mais puisque mon téléphone est dans ma poche, c’est le moment ou jamais de comparer.
Bon, pour changer pas de réseau ! 🙂
Mais effectivement sur la photo, la route ne comporte aucun pavé !
Dans une demi-conscience, l’idée se fait jour, petit à petit, si l’endroit est bien identifié, il semble que l’époque ne soit pas tout à fait la même. Lumière tremblotante : pas d’électricité, Route pavée et herbeuse : pas de voitures. Plus de doute, je me retrouve dans le passé, cette demi-conscience rêveuse, étonnamment, fait que cela ne me surprend pas outre mesure
🙂 .

Profitons en pour nous promener, au fond de moi même, je me demande ce qui se passerait si je rencontrais quelqu’un.

La rencontre au bout de la rue des Creutes.

En avançant vers le bout de la rue pour atteindre Morlot, je finis par apercevoir une silhouette fine et légèrement voûtée, qui remonte doucement vers moi. Je la laisse approcher, curieux de savoir si finalement je suis transparent et donc invisible.
Il ne semble pas puisque m’apercevant, la jeune femme que je distingue a un léger mouvement de recul, comme effrayée par la vision d’un étranger qui surgit du brouillard.

Je vois une femme, plutôt étrange, paraissant parfois jeune et fragile et en même temps dans les minutes qui suivent, dure et vieillie prématurément. Ne pouvant rester ainsi à nous observer, je m’approche et lui demande mon chemin, expliquant que je suis perdu. C’est en lui indiquant le numéro de la maison d’Eugène dans la rue des Creutes, qu’elle me regarde encore plus étrangement, tout en m’assurant que je dois me tromper … puisqu’il s’agit de son domicile. Tout ce qui commençait à m’effleurer doucement prends corps. Je connais cette jeune femme, sans toutefois pouvoir la situer avec précision. Continuant mon rôle d’étranger, un peu mystérieux 🙂 et surtout complètement perdu, je m’enquiers de la date. Nous sommes le 10 Novembre 1867, le brouillard commence à se dissiper, autant en dehors de ma tète qu’à l’intérieur.

Faisons connaissance

Ainsi, la personne résidente du domicile indiquée est Marie Louise, la première épouse d’Eugène. Née de François (Dain) et de Françoise Laporte le 6 octobre 1841. Elle a vécu dans le quartier de Morlot avec ses 9 frères et sœurs jusqu’à la rencontre avec Eugène qu’elle a épousé à 20 ans le 15 septembre 1862. Rapidement, la petite Eugénie à rejoint le couple suivie quelques années plus tard par Eugène Louis.

La date résonne brutalement dans mon cerveau, le 10 novembre 1867 !
La promenade matinale, l’air triste, fatiguée et prématurément vieillie de Marie Louise, ce jour marque un mois après la mort prématurée d’Eugène Louis son fils. Je ressens une peine profonde et beaucoup d’angoisses en elle. La questionnant sur son trajet si matinal, elle me répond revenir du cimetière et je lui propose de nous asseoir sur le banc juste à coté.

Elle a visiblement besoin de parler et je ne demande qu’à l’écouter. J’ai des milliers de questions à lui poser, mais pour l’instant il est plus important de la laisser s’exprimer. Cette situation inédite ne cesse de m’étonner et son parler mélangeant Français et Picard du Laonnois m’est, bizarrement, facilement compréhensible.

Des libertés avec les règles du voyage dans le temps ?

Au fil de nos échanges, je comprends qu’elle s’est refermée sur elle-même, s’éloignant de son mari, de sa famille, couvant sa fille Eugénie (Mon arrière grand-mère). Elle a vécu, enfant du milieu, dans une famille de 10 enfants. Miraculeusement pour l’époque, des 10 enfants, aucun n’est mort en bas âge. Elle sait que cela arrive fréquemment, elle l’a vu dans d’autre famille, mais le rejette. Il semble ainsi que toute idée de bonheur semble l’avoir quittée, et qu’elle n’envisage que crainte et malheur pour le futur.

Cela me fend le cœur et je décide alors de prendre un peu de liberté avec les règles connues du voyage temporel . Je lui parle de l’avenir, de manière assez générale tout d’abord de ce qui va évoluer en y allant doucement. Le train qui arrivera à Laon dans quelques années, le fait que ce transport soit vraiment l’avenir, et que finalement certains membres de sa famille entreront au service de cette compagnie.

Petit à petit son intérêt semble s’éveiller et je prends de plus en plus de liberté, je lui parle alors d’Eugènie, qui épousera un employé de cette compagnie et le suivra dans différentes villes en partageant avec lui de beaux enfants. Pour la convaincre de cette réalité je lui montre finalement une photo d’Eugénie et de son mari. Même si tout cela lui semble étrange, elle ne peux s’empêcher de retrouver les yeux de sa petite fille dans le visage de la femme mûre que je lui présente.

Enfin je lui parle d’un autre Eugène Louis qui finira par venir, un Eugène qui vivra, fera aussi un beau mariage et aura des enfants. Je vois qu’elle se redresse, que ses yeux recommencent à briller, je ressens son envie de me croire.

Et elle repart comme le brouillard revient

Elle me remercie, moi l’étranger bizarre, qui l’a écoutée, qui l’a rassurée et lui a redonné de l’espoir. Le brouillard se densifie pendant qu’elle se lève et que je la regarde partir et disparaître dans le brouillard.

A cet instant, je me sens moi-même « fondre » et quitter la rue des Creutes. Me retrouvant sur le canapé familial, je me demande ce qu’était ce rêve étrange. J’ai pourtant mon Smartphone à la main, avec cette photo d’Eugénie et Louis Charles que je viens de montrer.
C’est à cet instant qu’à la fois le doute me prend autour de la réalité de cette rencontre et que j’ai cette pensée décalée : J’ai rencontré mon aieule Marie Louise, je lui ait montré des photos et jamais je n’ai pensé à en prendre une d’elle.

Je regarde alors le seul lien tangible qui me raccroche à elle : Sa signature sur son acte de mariage …

Signature de Marie Louise Dain
Acte de mariage : archives de l’Aisne
Compléments généalogiques

Marie Louise ne connaîtra finalement pas le mariage de sa fille Eugénie, car elle décédera un an avant, en Avril 1883. Voici son acte de décès.

Acte de décès Marie Louise Dain 1883
Sources Archives départementales de l’Aisne
Louis Charles Dain et Eugénie Husson

La photo que je lui ai montrée est celle-ci. Elle représente Eugénie et son mari. Je n’en connais pas la date. Je n’ai pas non plus cité le nom du mari d’Eugénie : Louis Charles Dain. Et oui comme Marie Louise, il est le fils de Louis Charles, le frère de Marie Louise.

Source collection personnelle

Au cœur de l’histoire figure le décès d’Eugène Louis fils de Marie Louise et Eugène, en voici l’acte de décès.

Acte de décès Eugène Louis Husson – 1867 Laon
Sources : Archives départementales de l’Aisne

Ayant évoqué largement la vie de Marie Louise dans les deux articles sur la vie d’Eugène, je ne savais pas comment ne pas trop redonder dans cette étape de la recherche du #sosa2020. J’en ai profité pour me tester au #RDVAncestral. Je ne sais pas si le test est concluant et si je renouvellerais, mais cela m’a permis de passer cette étape de façon un plus originale.

Asavar

6 commentaires

  1. Un test plutôt très concluant de mon point de vue ! Bravo pour ce récit, c’est très réussi.

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